588              MEMOIRES DB PIERRE DE LESTOILE.
« couronne que vous avez sur la teste. Je scai que vous a avez force eveschés et charges d'ames; mais on ne « void point que vous en acquictiés de pas une comme « il faut, ni selon le renc que vous tenés en l'Eglise. » Et ainsi se départirent, avec tout plain d'autres paroles dites d'une part et d'autre plaines d'aigreur, qu'on com­posa le mieux qu'on peust par le moien de Rose, eves­que de Senlis, et autres, qui y furent emploiés pour composer ce different.
Le vendredi 21 de ce mois, un tavernier nommé Roques, demeurant prés des Cordeliers, sergent de bande, aiant esté le jour precedent cruellement fouetté dans les Cordeliers par un frere de dedans, nommé Capreolus, lequel avec ceux de sa compagnie il avoit surpris en un nic garsaillant ; aiant esté contraint, pour s'cvader, de donner audit Roques et à ses compagnons quelques dalles, vinst en plaine cour faire sa plainte de l'excès et cruel traictement que lui avoit fait ledit Ca­preolus et ses compagnons dans les Cordeliers, et de quelle façon ils l'avoient accoustré, lui aiant serré les mains avec des cordes, puis foetté du menu jusques à vitulos; et aprés du gros, c'est-à-dire du manche des verges, si outrageusement qu'il ne pouvoit plus man­ger; et si peu qui mangeoit, il le rejettoit. Sur la­quelle plainte la cour députa M. Mazurier pour en in­former.
Ce Roques avoit esté un des plus désesrés ligueus de Paris : si qu'on l'appeloit le bras droit du curé de Saint-Cosme; et n'estoit desligué que par la necessité, comme beaucoup d'autres, et depuis l'execution du president de Brissac. Au reste, le bon ami des cordeliers, ausquels il fournissoit de vin.
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